dimanche 29 septembre 2019


Récit de ma Petite Trotte à Léon – PTL 2019


En septembre 2018, j’ai lancé à mes amis trailers l’idée de participer à la Petite Trotte à Léon (PTL). Pour ceux qui se perdent dans les acronymes, il s’agit de la course version ultra de l’Ultra-trail du Mont-Blanc. Si, c’est possible !
Et pour rappel, la PTL emprunte un parcours de Haute-Montagne différent de l’UTMB et se déroule par équipe de 2 ou 3 personnes, pendant 6 à 7 jours (50% des équipes arrivent le 7ème jour), le tout en semi-autonomie. Sur le parcours, pas de ravitaillement autre que les refuges de montagne, distants d’environ 10 heures les uns des autres. Ainsi, l’équipement obligatoire permet même d’être autonome pendant 24 heures en cas de faim, soif, mauvaise météo, voire accident. Le sac à dos pèse 7 à 10 kg et limite totalement la cadence de course à pied.




Nous nous retrouvons donc le dimanche 25 aout 2019, veille du départ, pour le briefing de course où je retiens notamment que le parcours de cette année sera aérien à de nombreux passages de cols et qu’il faudra être prudent. Le tracé respecte l’esprit de son concepteur, Jean-Claude Marmier, l’ancien directeur du GMHM de Chamonix (Groupe Militaire de Haute-Montagne), décédé lors d’une reconnaissance de la course comme nous le rappelle Michel Poletti. Petit blanc et séquence émotion dans l’assistance composée des 300 coureurs.
Et Catherine Poletti enfonce le clou en conclusion du briefing, précisant que la PTL est une course qui va aux limites de l’Ultra en kilométrage (300km), dénivelé (25.000m), raideur des montées, ambiance gazeuse.
L’ultra dans l’ultra !


Pour cette PTL 2019, je fais équipe avec mes meilleurs amis traileurs, les anciens du Marathon des Sables 2005, Philippe et Edouard, et les actuels des UTMB2016, et Diagonales 2017, Jean-Bertrand, son fils Ed et Thibault. Nous nous sommes répartis en 2 équipes Handicap Marathon – Les Granges pour les anciens et Handicap Marathon – Taconnaz pour les actuels.
L’état des troupes au départ est un peu disparate après de nombreuses blessures (inflammations, ruptures de ligaments, tendons d’Achille, tendinites, arrachement osseux, et aussi naissance d’un bébé !). Chacun part donc avec un petit handicap : l’un c’est le sommeil, l’autre la cheville, deux autres le genoux etc …
 






Mais nous sommes à Chamonix, heureux de nous retrouver pour prendre le départ comme tant d’années depuis 2006. Après un dernier diner chez les Taconnaz, nous partons nous coucher tôt mais le sommeil est difficile à trouver, comme à chaque veille de course. Clairement, cela va être long. Est- ce que ce sont les 300km, les 6 à 7 jours ? Sans le savoir et se rendre vraiment compte, ce sont surtout les dénivelés positifs et négatifs qui usent le plus. Aborder épuisé une pente à 10% ou 15% pendant 1.500 voire 2.000 mètres, c’est dur, c’est long. C’est très long. Et donc outre le physique, c’est bien le mental qui compte. Les Monts et Cols des Rognes, Fallère, Chavalard, Salanfe useront surement nos organismes avec 2.000 mètres de progression à chaque fois.
Tout cela est à peine dans nos têtes car nous ne connaissons que le début et la fin de parcours, soit un petit 1/3 du kilométrage. C’est déjà ça ! Je m’endors en rêvant du barrage d’Emosson dans 6 jours !
 





Lundi 8h00 – Chamonix – Départ
-         Départ depuis le centre de Chamonix, au pied de l’Eglise comme pour chaque départ de l’UTMB. La banderole, la musique, les amis, tout est en place pour le grand frisson.
-         Nous faisons le choix de marcher depuis les Gaillands et profiter de l’ambiance des personnes qui nous soutiennent sur le bord des chemins. Avec nos sacs de 10kg, difficile d’entamer un sprint ; nos 3 litres d’eau, notre matériel et nos sandwichs, nous imposent une allure de sénateur !
-         Aux Houches, notre village, nous arrivons sur une première montée de 1900m pour arriver jusqu’à la cabane des Rognes, située elle à 2700m environ, entre le nid d’Aigle et le refuge du Gouter. Nous empruntons le chemin des « Gens », le même que celui du « Mont- Blanc express » réalisé avec Tony Sbalbi en 2018. Un chemin que je connais presque par cœur, souvent, emprunté seul ou en famille. Cette fois, nous sommes 300 « collant-pipette » en file indienne, départ classique de course.
-         En arrivant sous le Col du Mont Lachat, nous longeons la ligne de chemin de fer et bifurquons vers un petit chemin escarpé et bien raide que je n’aurais jamais osé prendre en famille. Une vue exceptionnelle sur notre vallée de Chamonix nous met en joie. Le chemin devient étroit et un peu exposé avec une forte pente sur notre gauche. Le ton est donné. Chaque montée aura son lot d’ambiance aérienne, plus ou moins prononcée.
 








-         Après quelques passages en lacet, une jeune membre de l’organisation nous attend sur un petit éperon rocheux pour nous demander d’enfiler nos casques, la roche étant friable alors que nous progressons nombreux sur une forte montée. Le pied montagnard doit progressivement se mettre en place dans notre inconscient car nous ne mesurons pas vraiment ce qui nous attend pour la suite…

Lundi 12h00 –Cabane des Rognes - D+1896
-         Nous arrivons enfin au sommet de ce chemin, récompensés par une vue splendide après un cours passage d’échelles impressionnantes. De mémoire, il est 13h et nous décidons de faire une pause à la redescente un peu après la gare du Nid d’Aigle, à l’écart des nombreux touristes enthousiasmés par la vue et amusés de croiser quelques dingos …



-         Nous dégainons nos délicieux sandwichs achetés le matin même chez « Richard », au centre de Chamonix. L’équipe Taconnaz a fait le choix des Cheese Burger qui même froids ont la réputation d’être énergétiques (c’est sûr) et savoureux (pas sûr) ! Un bon choix pour chacun, histoire de couper le gout répétitif des barres et compotes qui constitueront l’essentiel de ma nourriture. Heureusement, les refuges nous permettront de compléter nos repas.
-         Sandwichs enfilés, nous repartons en direction du Refuge de Tré la Tête au-dessus de Champel / St Gervais. Notre parcours suit le tracé classique d’une montagne russe, avec le « pont de singe » au-dessus du torrent du glacier de Bionnassay, puis remontée au col du Tricot, puis redescente aux Chalets de Miage, puis remontée au Chalet du Truc pour ensuite monter à Tré la Tête. En chemin, l’équipe Taconnaz se laisse un peu surprendre par la chaleur et manque d’eau. Une bonne pause aux chalets de Miage pour quelques sérieux de menthe à l’eau et Coca-Cola s’impose. Nous rechargeons aussi nos camel-back au bord du torrent. Nous perdons un peu de temps et comprenons que le GPS doit être ouvert en permanence pour suivre une trace qui coupe certains chemins et alors que nous visons d’avoir 2 heures d’avance sur le plan de marche proposé par l’organisation.



Lundi 20h00 – Refuge Tré la Tête – D+ cumulé 3258m
-         Vers 20h00 nous arrivons au Refuge de Tré la Tête situé à 2000 m, mais serveuse et cuisinier n’avaient pas anticipé tant de coureurs ! Dommage, l’omelette me faisait envie. Un peu frustrés, nous mangeons finalement nos restes de sandwichs pour les uns, les cheese burgers pour les autres, et nous habillons pour la nuit. Collants, frontale, gore-tex. Il fait encore un peu chaud pour tout cela et nous nous rechangeons dans la descente !
-         Il est 21h00 et la nuit s’installe. C’est le début des complications pour l’équipe Taconnaz. Thibault souffre de la cuisse depuis le Col du Tricot et s’inquiète, alors que nous n’avons pas effectué le quart de la course. D’autant que nous arrivons aux Lacs Jovet et entamons une montée difficile de 1000 m. dans un pierrier. A nouveau, un membre de l’organisation nous demande de nous protéger des chutes de pierre et nous enfilons nos casques. L’équipe des Granges progresse bien tandis que celle de Taconnaz s’inquiète de plus en plus de la situation.
-         Il est 0h00 au Col de l’Enclave situé à 2600m environ, et nous abordons une descente classique des parcours du Tour du Mont-Blanc. L’équipe Taconnaz est quant à elle à la peine s’interrogeant sur sa préparation, ses douleurs, les difficultés à venir, qui seront à multiplier par 6 comparées à ce premier jour.


Mardi 5H00 – Refuge des Mottets – D+ cumulé 4900 m – Dodo 2 heures
-         Nous connaissons bien ce refuge qui fut notre première expérience d’un refuge du TMB en 2006 lors de notre reconnaissance de l’UTMB avec Philippe, Edouard, et aussi François et Stan. L’entrée du refuge est réglementée, pas de bruit, chaussures à ôter en plein froid extérieur, sac idem qui prennent l’humidité. Le risque d’échange de chaussures ou de bâtons y est possible et ruinerait dès le premier jour tout espoir d’être finisher. Car je pense déjà à être finisher (« Think big »), focalisant sur le timing de course (« Act small ») sans bien connaitre le parcours. Réflexion absurde mais motivante (Déformation professionnelle ;-). En entrant, bénévoles et gardiennes sont au petit soin et proposent un délicieux repas (soupe et plat) suivi d’un lit prévu pour environ 2 heures. L’équipe Taconnaz nous rejoint en plein repas ; si notre écart de chrono est faible, nos états d’esprit sont aux antipodes. Le doute s’est installé après cette première journée et le court sommeil finira d’achever les pensées noires. Au réveil, l’équipe Taconnaz jette l’éponge. Quel dommage !


-         L’équipe des Granges repart après un bon café, quelques tartines et des sandwichs pour monter au Col de la Seigne que nous connaissons tout aussi bien. L’arrivée au Col est un émerveillement. Seuls, ou presque, à l’aube, nous profitons d’une vue magnifique sur le massif du Mont-Blanc et nous bifurquons vers le Col des Chavannes que nous traversons en général dans la première progression de la TDS.
 











Mardi vers midi  – Col de Youlaz – D+ cumulé 6200m
-    Cette fois, notre parcours prend le temps de suivre l’arête avec quelques montées bien verticales, un peu engagées mais pas vraiment dangereuses.

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  Plus loin, nous abordons une autre montée bien raide, dans un chemin à peine tracé, où les petites pierres ne cessent de tomber. Un membre de l’organisation nous attend au col de l’Ane en nous hurlant de nous protéger un peu. Au sommet, le topo nous indique de bien suivre le GPS car le chemin n’est pas tracé. Bon, aucun souvenir de ce passage, pas d’anecdote à raconter !

-         Nous entamons ensuite une longue descente en direction de Pré-Saint-Didier, qui ne présente aucune difficulté sur une large route forestière. Mais le genoux délicat de Philippe commence à le faire souffrir. Avec Edouard, nous essayons un peu de courir, malgré nos sacs pesants, et voyons si l’écart avec Philippe qui ne peut que marcher, est important. En réalité, seulement 15 minutes nous séparent en bas de la descente où nous en avons profité pour dormir un peu malgré un troupeau de vaches avec leurs énormes cloches.


Mardi 17h30 – Morgex – D+ cumulé 6670m

-         Nous arrivons alors à Morgex, où l’organisation UTMB nous permet de récupérer nos sacs de délestage pour recharger en barres et nourritures, nous changer de t-shirts après une bonne douche et récupérer des piles nécessaires à nos lampes frontales ainsi qu’au GPS qui est gourmand en électricité. Notre classement n’est pas glorieux, mais nous cherchons surtout à nous recharger aussi. Nous dormons 1 heure dans le gymnase aménagé avec des tatamis. Nous retrouvons aussi bon nombre de participants que nous suivrons tout au long des arrêts du parcours.




-         Après 3 heures de pause que l’on n’a pas vu passer ( !), la nuit arrive et nous repartons sous une pluie battante et quelques bruits de tonnerre, pour une montée de 2400m. Est-ce le début d’une grosse galère car orages et montagnes ne font pas bon ménage… Les souvenirs de la Pointe des Drônes en 2011 me reviennent. Heureusement, tout cela ne durera que quelques heures ( !). Mais en ce début de montée, nous cherchons longuement notre chemin en sortie de Morgex. 



-         Nous savons que nous devrons aborder une première difficulté du parcours avec le Mont Fallère dont l’arête sommitale et sa redescente sont cités comme des passages aériens et dangereux. Ces pensées me préoccupent beaucoup, et finissent par obséder mon esprit. Et c’est ainsi, pendant toute la montée.

-         Montée jusqu’au refuge Fallère qui est interminable. Nous pensions arriver vers minuit mais finalement nous mettrons 2 heures de plus que prévues. En effet, nous devons atteindre le col Leysser par une sente très raide ; je me demande même s’il existait un chemin. Quant au refuge, nous mettons du temps à le trouver. Il est en fait situé sous le col, ce que nous n’avions pas vu sur le topo. Nous remettons les gore-tex, gants, bonnets car le vent souffle au Col Leysser à 2400m.


Mercredi arrivée vers 4h00 – Refuge Fallère – D+ cumulé 9000 m – Dodo cumulé 5h00

-         En rentrant dans ce grand refuge, nous comprenons que l’organisation nous a parfaitement préparé les refuges. Menu spécial PTL copieux, lits par roulement, nous profitons d’une bonne pause dodo et suivie d’un bon café et tartines avant de nous élancer en direction de cette arête de Fallère.

 


-         Et en repartant au petit matin, nous rigolons un instant sur une balançoire, nous nous perdons un peu en prenant un mauvais chemin qui semble monter dans la bonne direction et décidons, à juste titre, de faire demi-tour plutôt que perdre du temps sur des passages inconnus. La pluie redouble dans cette montée de 1000m et nous mettons nos panchos.

-         A l’arrivée sur l’arête à 3.090m, la pluie a cessé et la pierre des rochers n’est pas détrempée. Nous ne sommes pas seuls non plus. Un groupe de français, Françoise, Pascale, Laurent et Eric, trépignent derrière moi, un groupe de japonais progresse avec volonté et une équipe de roumain nous dépasse en sautant de rochers en rochers tels des chats alors que le vide est bien là. Pour progresser, j’utilise les chaines installées que je ne lâche ni du regard ni de la main ! Certes, j’ai mes bâtons main gauche, mais celle de droite ne faiblit pas. Mon astuce pour éviter la peur du vide est évidemment de ne pas regarder en bas , J’admirerai le paysage et chemin parcouru plus tard. Après environ 30 minutes, du moins je crois, nous atteignons la fin de l’arête où nous attend ce membre de l’organisation placé toujours aux endroits difficiles ; une statut de la vierge Marie domine ce lieu exprimant un certain réconfort aux alpinistes courageux.





-         Le bénévole nous prévient aussi que la pente est raide pour redescendre. Alors que je trouve que mes chaussures manquent de crampons surtout en comparant avec celles des autres concurrents, je décide d’enfiler mes petits crampons imposés par l’organisation pour un futur passage sur glacier. C’est un pur plaisir de poser un pied bien en appui alors que la pente raide pourrait se révéler dangereuse. Finalement, nous descendons tranquillement vers un autre col, et nous ressentons un fort soulagement après ce passage qui appelle plusieurs enseignements. Inutile de « psychoter » avant une difficulté que l’on ne connait pas, on a tendance à la surestimer ; une fois dans un passage difficile, il faut surtout gérer son angoisse et ses peurs plus que la difficulté objective du lieu.

-         Après une grande traverse dans un pierrier magnifique où les nuages de pluie entourent encore les lieux, nous sommes heureux de retrouver Françoise et ses amis qui semblent parfaitement connaitre le parcours.

Mercredi vers 19H00 – Etroubles – D+ cumulé 10.100 – Dodo cumulé 5h30
-         Pour rejoindre Etroubles, nous descendons plus de 2000m ce qui commence à entamer le genoux de Philippe. Nous arrivons dans ce village où les équipes cherchent un lieu pour se restaurer. Un couple, Nicolas et Delphine, dont nous faisons la connaissance, trouve une boulangerie ; les roumains, une épicerie aux biscuits secs. Nous nous posons aussi 30 minutes pour recharger en eau et fermons quelques instants les yeux avant cette troisième nuit et une nouvelle montée.

-         A cet instant de la course, nous avons parcouru 123 km et 9722D+ et 9400D-, soit une bonne TDS en plus de 48 heures, et le double de temps. Nous n’accusons donc pas de grande fatigue car nous ne courrons pas mais le manque de sommeil peut parfois nous surprendre. Rien de grave à ce stade.
-         Nous prenons conscience que certaines équipes ont repéré le parcours. Ce qui, les concernant peut être à double tranchant au regard des difficultés qui nous attendent.
-         Nous repartons en direction du refuge de Champillon pour une montée de 1500m où nous arrivons en pleine nuit. Je manque de souvenirs dans cette montée.


Jeudi vers 3h00 – Refuge Champillon – D+ cumulé 11.600m – Dodo cumulé 6h30
-         A l’arrivée dans le refuge, Edouard est très inquiet pour son tendon d’Achille. Il me semble tétanisé par l’inquiétude et la tension naissante, tandis que le genoux de Philippe le fait de plus en plus souffrir. Ambiance tendue malgré d’excellents ramen (soupes japonaises) qui nous sont servis et nous commandons nos sandwichs qui manqueront de pain ou de jambon, je ne sais plus. Nous dormons 45 minutes comme nous l’impose l’équipe de bénévoles qui assure le roulement des lits.
-         En partant, nous descendons 900m et remontons 1760m en direction du Col de By. Un parcours au petit matin splendide dans un cirque de roche ferreuse. La fin du chemin se termine par quelques échelles qui nous permettent d’atteindre le refuge Chiarella, situé à 2979m, au pied de plus hautes montagnes. Nous posons sacs, bâtons et chaussures dans l’entrée avant de commander une excellente omelette, un bon café  ! 








Jeudi 10h00 – Col de By – D+ cumulé 13.400m

-         L’organisation de l’UTMB nous a réservé une magnifique surprise. En sortant du refuge Chiarella l’ambiance est encore un peu lunaire, pierreuse. Après une courte traversée où il faut poser correctement son pied, nous atteignons le fameux col de By. Quel pied (quand on est trailer, c’est bien  !)  de voir se découvrir un glacier qui nous mènera jusqu’à la cabane Chanrion, passage obligé de Chamonix Zermatt. En attendant, nous chaussons nos petits crampons et rejoignons l’équipe de l’organisation qui sécurise le parcours balisé.





-          A mi-parcours, nous enfilons les baudriers pour suivre plusieurs longueurs de cordes. Les indications étaient sans doute volontairement parcellaires, puisqu’une fois le bout de la corde atteinte, nous cherchons notre chemin tout d’abord sur la glace puis sur la moraine où d’énormes rochers nous entourent et nous barrent le passage au point de se perdre un peu. Les jeunes japonaises suivent mieux leur GPS et retrouvent parfaitement la trace. Les roumains tracent et font la différence dès que le chemin est escarpé. 




Jeudi 15h00 – Cabane Chanrion – Dodo cumulé 7h30
-         Nous sortons de la moraine et poursuivons notre descente vers la cabane Chanrion. Encore une bonne pause, avec repas et dodo. Nous voilà à mi-parcours en termes de distance et d’effort, avec 150 km et 13.000 D+ mais nous sommes déjà jeudi après-midi. Nous n’avons que 2 heures d’avance sur la recommandation de l’organisation. Nous sommes un peu cours sans possibilité d’aller plus vite.


 

-         En repartant, nous retrouvons Ludovic et Marine qui nous accompagnent sur toute la descente vers le barrage de Mauvoisin. Belle rencontre et discussions qui nous aèrent l’esprit alors qu’il reste encore beaucoup à faire. Difficile de dire si nos papotages nous ont ralenti ou si le rythme de nos jeunes spécialistes de raid aventure et de swimrun nous ont permis d’accélérer notre cadence. En tout cas, ils nous ont bien préparé le parcours avec une visite des tunnels techniques de cet immense barrage. Nous ressortons vers 1700m avant d’aborder une nouvelle montée à l’approche de la nuit. Avant de nous élancer, Marine place un strapping sur le genoux de Philippe qui le soulage un peu. Mais les jours passent et la douleur est de plus en plus présente …


 Une magnifique montée paisible, avec raidillons et chemin en balcon nous amène progressivement jusqu’à la « tête du Sarshlau », col assez technique comme l’indique le topo, avant de redescendre sur la Cabane Louvie au pied du barrage éponyme. Mais ce parcours n’est pas un long fleuve tranquille. En arrivant à ce col, le passage est bien vertical et surtout quelques moutons ou béliers sont surpris et effrayés par nos frontales. Ils détalent vers le bas alors que nous montons et nous hurlons « tous à terre » pour éviter le choc qui serait peut-être fatal tant leur taille nous emporterait dans la pente. Après ce col, nous descendons doucement en confondant les lumières ne sachant deviner où est cette cabane. Nous réalisons alors que le reflet des lumières de la cabane perturbait notre compréhension du parcours.



Vendredi minuit – Cabane Louvie – D+ cumulé 15.200m – Dodo cumulé 9h00
-         Philippe a décidé de s’arrêter pour préserver son genoux dont la douleur devient insupportable. L’organisation le redescendra plus tard où il rejoindra Alexia et Fabienne dans la soirée. Ni remord ni regret pour cette sage décision. C’est assez miraculeux d’avoir parcouru 175km et 15.200 D+. Chapeau !

-         Edouard et moi redémarrons en pleine nuit à deux mais avec d’autres équipes françaises, suisses, japonaises, roumaines. Je tiens le GPS bien en main et mène cette petite troupe en me disant que je serai content quand ils reprendront la corde dans les prochaines difficultés annoncées. Nous parcourons un chemin sans grand intérêt mais qui permet d’abattre un gros kilométrage, longeant une canalisation tantôt enfouie tantôt apparente en se disant que les Suisses cachent beaucoup de choses dans leurs montagnes !
-         Le jour se lève alors que j’éprouve une première difficulté liée au sommeil. J’ai besoin de dormir mais nous ne sommes pas larges sur la barrière horaire et nous préférons garder le rythme. J’arrive à trouver quelques ressources pour me relancer. Notre chemin en balcon arrive sur le domaine de Verbier et les paysages sont splendides. Nous voyons au loin la chaîne du Mont-Blanc et je me dis que doucement nous nous rapprochons de l’objectif.

Vendredi 9h30 – Tête des établons – D+ cumulé 16.442m
-         Après une montée raide dont nous pensons que c’est bien là, la principale difficulté, nous découvrons que nous devons redescendre dans un chemin à peine visible, rocheux, terriblement vertical et les mains nous sont nécessaires pour progresser parfois même assis. Je pense alors à Philippe qui n’aurait apprécié ni la pente ni la douleur liées aux sursauts successifs.


-         Nous évoluons avec l’équipe roumaine qui file dans cet espace rocheux, les deux jeunes japonaises dont l’une porte le sac de l’autre tout en gardant un rythme soutenu. Juste incroyable ! Et les 3 équipes françaises, celle de Françoise, l’équipe mixte de Delphine et Nicolas et celle de Roberto, Sylvia et Eric que nous ne quitterons plus jusqu’à l’arrivée. Enfin presque.

Vendredi 16h00 – Fully – Dodo cumulé 10h00
-         Après 2200 mètres de descente et 18km d’errance à travers champs, nous retrouvons Fabi et François qui vont être au petit soin pour nous pour cette dernière grande pause. Nous récupérons nos sacs d’allègement pour recharger en piles, compotes, barres, nouveau t-shirt après une bonne douche. Nous en profitons aussi pour dormir 45 mn dans un abri anti-atomique typiquement suisse, puis bien manger soupe et pâtes.
-         Car nous savons ce qui nous attend ; une dernière difficulté dont la video de trailer reconnaissant le parcours raisonne dans nos têtes : « je ne suis pas suicidaire ; la descente est trop forte ». L’équipe française de Roberto décidera d’ailleurs de s’arrêter peut-être parce qu’ils angoissent à l’idée de franchir cette dernière difficulté.

 
-       

Vendredi 18h00 – Direction Grand Chavalard

-         A ce moment de la course, les 24 heures qui vont suivre seront sans doute les plus engagées, les plus éprouvantes.
-         Nous démarrons la montée vers cette fameuse montagne où 2400m de dénivelé positif nous attendent pour à peine 10km de section. La pente est très forte. Nous retrouvons assez rapidement l’équipe de Françoise qui progresse d’un bon pas mais il fait nuit et je commence doucement à vouloir m’endormir Je sens bien que ce n’est pas le moment, qu’il va falloir se concentrer et surtout qu’il faut suivre cette autre équipe qui connait le parcours.
-         J’emboite le pas derrière Edouard qui colle au train de nos amis. Le chemin est étroit, la pente est forte mais nous sommes bien sur un chemin de randonnée officiel. Ses suisses sont de vrais chamois !
-         Et le chemin se poursuit en passant au travers des paravalanches. Nous en franchissons environ une dizaine où à chaque fois, une des barres métalliques possède un passage qu’il faut escalader. Dans cette situation, pas de sommeil qui vaille, comme si le cerveau avait bien compris que dormir n’était pas une option possible. Les pas sont finalement assez précis, la concentration forte permettant sans doute de rester éveillé.


Samedi 0h30 – sommet Grand Chavalard – D+ cumulé 19.300m

-         Nous arrivons enfin au sommet dominé par une croix qui repose sur une dalle et nous offre la possibilité de souffler quelques minutes. Assis, nous en profitons pour admirer la vue en fond de vallée ; le Valais est illuminé des lumières des villages. Nous reprenons notre progression à l’approche d’autres équipes et nous enchainons pendant une petite heure le parcours sur l’arête pas trop étroite. Comme il fait nuit, nous ne voyons pas le vide de chaque côté et c’est sans doute très bien ainsi. Nous progressons vite, tout en sécurisant nos pas.





-        Enfin, le chemin entame sa descente et allons pouvoir démarrer la descente pensant avoir fait le plus dur. Le topo parle d’un passage difficile et nous pensons qu’il sera rapide. Pourtant nous mettrons 3 ou 4 heures à effectuer la descente jusqu’à la prochaine cabane Fenestrale . En effet, un enchainement de cordes nous attend. Un membre italien de l’organisation est aussi présent pour nous demander de chausser les crampons, enfiler à nouveau les casques et nous décrit le cheminement : « prends à gauche puis vite à droite, marche jusqu’à la prochaine corde puis attendre l’autre membre de l’organisation » car les chutes de pierre imposent de passer par groupe de 5 à 7 personnes max.

-         Nous sentons que le geste doit être précis car la pente est forte ; et même fatigué, notre cerveau reste concentré. Sensation nouvelle car en général, sur l’UTMB ou un trail aux chemins classiques, tituber est rarement un problème. Et l’on peut vite trouver un endroit pour se reposer quelques minutes. Sur la PTL, ce n’est pas envisageable, la concentration et la vigilance imposent au corps de poursuivre et repousser les limites. Il faut atteindre le prochain refuge !
-         Enfin, nous arrivons à la cabane Fenestrale. Quelle déco intérieur : Quel accueil ! Quel menu ! Une « petite » pause de 2 heures tout compris nous procure un bien fou.

Samedi 5h00 – départ Cabane Fenestrale – Dodo cumulé 11h00.
-         L’aube pointe son nez et nous partons un peu euphoriques, soulagés d’avoir passé cette énorme difficulté du Grand Chavalard. Et effectivement, le soleil pointe rapidement à l’horizon et ravissant nos yeux de superbes vues dans ce cirque de pierre. Toutefois, la progression reste un peu lente car nous escaladons beaucoup les rochers pour assurer notre progression jusqu’à la Dent de Morcles. 500 D+ pour cette petite section et nous arrivons au sommet à 2969m. Vue magnifique, sensations positives qui commencent à nous faire percevoir que nous allons bientôt en finir.




-         2 membres de l’organisation nous accueillent à ce beau sommet, isolé de tout. Ils n’ont pas dormi non plus et se protègent du froid dans une tente ou équipés d’une grosse doudoune d’hiver. Ils nous proposent de profiter de la vue, car nous devons attendre que les 2 équipes qui nous précèdent (Nicolas et Delphine, et les 2 japonaises) empruntent le parcours qui nécessite une certaine prudence en raison des risques de chutes de pierre.




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Après une vingtaine de minutes, c’est enfin à notre tour. On nous explique qu’il faudra se baisser puis suivre le chemin, ne pas rater une bifurcation, être prudent et que tout va bien se passer…Nous nous engageons dans une goulotte étroite en forte pente et devons passer sous un énorme rocher qui obstrue le couloir. C’est presque amusant.. Sauf qu’en franchissant cet obstacle, je découvre un chemin en balcon de 25 cm de large et une pente si raide que l’erreur serait sans doute fatale ! Je suis tétanisé un instant et je dis à Edouard que je ne peux poursuivre, le risque me paraissant trop fort compte tenu de mon expérience sur ce type de chemin.





-         Avec beaucoup de sang froid, Edouard me rassure, parle d’une voix calme et rassurante, m’explique de surtout poser mon pied doucement et avec du poids, plutôt que d’appuyer sur mes bâtons. Nous progressons doucement mais surement. Une équipe de jeunes concurrentes, Aubry et Florine, nous rejoint rapidement car je suis un escargot et nous cherchons aussi un instant le bon passage. Dans ce pierrier vertical, inimaginable de se tromper. Edouard progresse doucement pour repérer le bon chemin et nous sort tous les 4 de cette situation. Plus haut, les bénévoles nous crient quelques instructions car ils peuvent observer notre cheminement.

-         L’équipe roumaine nous repasse devant et progresse à leur allure féline. Quelle aisance ! Et nous croisons même une personne qui monte jusqu’à la Dent de Morcles, peut-être pour y retrouver des amis. Il est rapide, en toute confiance, sans pour autant ressembler à un Kilian Jornett. Il connait juste la montagne. Finalement, cela me rassure car je me dis que c’est donc possible et pas « impossible » !





-         Nous poursuivons notre chemin et rejoignons enfin un chemin plus large mais toujours exposé ; nous y croisons quelques touristes qui découvrent ce chemin du Tour du Valais dont le but est sans doute de faire toucher aux environnements de haute montagne.




Samedi 9h30 – Cabane de la Tourche - D+ cumulé 20.111
-         Belle pause à cette cabane qui domine Collonges près de 1.800 mètres plus bas. En partant de la Dent de Morcles, nous aurons donc descendu 2550 mètres. La soupe et la petite tarte s’imposent ; quelques instants de repos et changement de T-shirts.

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 Nous savons que nous approchons de la fin sur un parcours classique en tout cas de nom puisqu’il s’agit de rejoindre la cabane de Salanfe, refuge du parcours des Dents du Midi que je connais. De là, il suffira de rejoindre Chamonix via le barrage d’Emosson. Je suis en terrain connu et je me sens en pleine forme pour terminer. Ce que je croyais …

  
Samedi 13h00 – Collonges vers Cabane de Salanfe
-         Petite pause à Collonges, village de fond de vallée, avant d’entamer l’une des dernières grandes montées avec près de 2.000 mètres. Edouard est en plein forme et je suis plus à la peine. Nous mettrons 6 heures à effectuer cette montée. Pas glorieux ! Plus nous approchons du Col, plus je fatigue avec la forte pente. Un petit dodo de 30 minutes et une erreur de parcours nous font perdre environ une heure. Sans compter avec mon allure de sénateur. 


Samedi 19h30 – Cabane de Salanfe – D+ cumulé 22.100m – Dodo cumulé 12 heures

-         Alors que nous avions compté la veille près de 3 à 4 heures d’avance sur le topo-guide de l’organisation, nous sommes à une heure des limites horaires conseillées. Pas de coup de moins possible !
-         Dans la cabane, nous en avons profité pour dormir et prendre un bon repas. Mélangé à d’autres groupes de touristes, nous sentons que nous revenons au monde réel. Mais sales et épuisés, nous sommes un peu différents d’eux. A notre table, un couple de concurrents coréens pose en véritables statuts de cire : elle dort la tête sur la table tandis que lui est figé avec sa cuillère dans la bouche ! Ils ne reprendront pas la course !



-         Vers 21h00, nous repartons pour attaquer la dernière partie de notre aventure. Mais malgré cette pause, je suis totalement épuisé, incapable d’effectuer à allure de course les 1.300 D+ et 1.300 D- pour rejoindre le barrage d’Emosson. Delphine et Nicolas nous rattrapent, et dans un geste solidaire formidable, c’est Delphine qui propose que j’accroche une cordelette et un mousqueton à son sac à dos. Je m’étais dit que cela pourrait servir, en effet ! Et c’est elle qui me guide doucement dans cette forte montée. Edouard la relaye rapidement. Je demande à dormir quelques instants après le passage du Col de Barberine. Cela me requinque un peu, mais je sens bien que j’ai besoin de dormir encore plus. Impossible pourtant. A tel point que toute la descente se fait en alternant des instants d’endormissement immobiles. A chaque fois, Edouard, d’un seul doigt, me pousse légèrement l’épaule et prononçant mon prénom « David » ; je me réveille et poursuis le chemin. Et ainsi de suite jusqu’à 3H30 du matin.

Dimanche vers 3h30 – Barrage d’Emosson – D+ cumulé 23.480m
-         Edouard est très inquiet. Mon état ne peut nous permettre d’aborder sereinement la suite du parcours. Si mon état venait à se dégrader, comment les secours pourraient-ils venir me chercher sur le chemin vers le Col de Terrasse ?
-         Je passe un petit « deal » avec Edouard : je dors 1 heure et l’on repart. Si la traversée de la route du barrage se fait encore avec cet état d’épuisement, il faudra sans doute arrêter. Mais je crois fort en ce dernier repos, d’autant que nous sommes bientôt proches des Chalets de Loriaz où j’étais en famille au début de l’été et l’aube va bientôt pointer. Autant de raisons qui devraient me donner la force mentale. Je n’ai mal nulle part et c’est donc bien dans la tête que tout va se jouer. Je rentre donc dans les toilettes publics et m’allonge sous le lavabo, sur mon pancho car le sol est humide et froid.
-         1 heure plus tard, j’entends Edouard qui m’appelle ; il est frigorifié et sans doute inquiet de la suite… Je me sens mieux sans savoir pour autant si j’ai retrouvé toute la force nécessaire.
-         Il est finalement environ 5h30 et nous repartons avec Françoise et son équipe qui ont aussi fait une pause. Je me force à garder le rythme, prendre le GPS, tenter de mener l’allure ou du moins rester au contact en attendant que le soleil se lève. Cette prophétie auto-réalisatrice a bien lieu ! Nous progressons d’un bon pas jusqu’au Col de la Terrasse. La forme est revenue.

-         La descente aux Chalets de Loriaz est bien verticale au démarrage, et je n’y aurais pas amené mes neveux …



Dimanche vers 9h30 – Chalets de Loriaz – 24.220 D+ cumulé - Dodo cumulé 13h00 environ

-         Encore un accueil exceptionnel des bénévoles pour nous retaper. Soupe, pâtes, pour nous donner la force de terminer les deux dernières descentes. Nous savons qu’il reste sans doute encore 6 heures de course pour nous. Mais sauf accident, nous sommes confiants d’arriver à temps à Chamonix.
-         Cette dernière journée est un pur plaisir. Ludovic nous rejoint aux Chalets de Loriaz, pour nous soutenir et alors qu’il s’entraine en montant au Col de la Terrasse. Nous le retrouverons plus loin dans la montée de Tête aux Vents, un peu après les échelles.

-         Nous retrouvons Fabi, Mahaut, François, Isabelle au Buet ; ils nous encouragent et nous savons que nous voulons finir. Edouard souffre depuis plusieurs heures de nombreuses ampoules mais il tient bon aussi.
-         Nous mettons même un peu le turbo en courant pour rejoindre le Col des Montets sur un parcours de forêt bien connu. De là, nous descendons jusqu’à la Boerne (Gite de ma première nuit dans la vallée en 1995) pour rejoindre la forte montée jusqu’à Flégère via Tête aux vents.
-         Nous refaisons même un peu notre retard sur d’autres concurrents. Ludovic nous accompagne pour la toute dernière descente qui n’est pas la plus confortable car la pente est forte et les racines nombreuses.

-         Sur toute cette section, nous avons rejoint le parcours de l’UTMB. De nombreux concurrents nous doublent se demandant parfois qui sont ces types avec un énorme sac à dos. A la vue de nos dossards où PTL est inscrit, nous avons droit à des concerts de louange. Je dois avouer que c’est une certaine satisfaction que de les entendre nous encourager, nous féliciter. Ils ont parcouru 170km en courant ; nous en avons fait 300 en marchant mais surtout le double en dénivelé !






Dimanche 16h07 – Chamonix 25.379 D+ - 25.379 D-
-      Nous y sommes ! Nous longeons l’Arve, entendons les spectateurs qui nous soutiennent, profitons de cet instant unique où l’on se sent si fort mentalement et physiquement. J’ai réussi ! Finisher de la PTL 2019. Quelle aventure ! 

-         Nous passons la ligne d’arrivée. Philippe est là, en famille, le genoux en vrac. Nous nous enlaçons tous les 3, avec les bénévoles, avec nos familles qui nous ont soutenus tout le long de ce parcours.