vendredi 8 juillet 2005

MDS - Entrainement et Préparation Sac à dos

Le Marathon des Sables, plus besoin de présenter cette course mythique par étape.

Quoiqu'il est toujours interessant de partager notre expérience avec ceux qui voudraient se lancer !

L'entrainement :
Pour des débuts dans le trail longue distance (ultra-trail), il a fallu trouver le format adapté à mes capacités, mon rythme personnel, familial et professionnel.

Tout d'abord, je sortai du Marathon de PAris 2004 en 3h30. Avec 6 heures d'entrainement par semaine, je me suis dit qu'il me fallait rajouter 2 à 4 heures en plus par semaine. Dès le mois d'aout 2004, j'ai donc poursuivi mes 6 heures par semaine, pour augmenter régulièrement jusqu'à 8 heures.

En décembre 2004, nous avons notre première SaintéLyon, qui restera pour nous un grand moment en tant que premier trail. 60km par 3°c, pas de quoi vraiment se préparer au MDS, mais c'est déjà cela.
Le meilleur fut l'arrêt à Soucieu en Jarrest et Sainte-Catherine où nous avons découvert que manger du saucisson et des Tuc's est parfaitement compatible avec la course à pied ! Nous arrivons finalement vers 9heures du matin. L'objectif de découverte fut atteint car nous nous demandions ce qu'il pouvait se passer au-delà de 42,2km de course. Et bien, pas grand chose ! L'essentiel est que courant à environ 7km/h, il ne se passe pas grand chose. Il faut surtout savoir gérer la digestion, protéger ses chevilles et ses pieds contre les ampoulles, éviter les tendinites en buvant et s'équiper d'un bon matériel qui protègera du froid et de la pluie. Le B-A-Ba, en quelque sorte !

De retour à Paris, je poursuis mon entrainement mi décembre 2004. En semaine,  je cours le soir vers 22h00 au pied de la Tour Eiffel, le week-end en sorties longue le dimanche matin dans le Parc de Versailles et en vacances au ski, quelques bonnes sorties dans la neige sont amusantes. Mais deux problèmes survienent :
- ma femme commence à craquer et je dois revoir mon planning, un peu mais pas trop !
- j'ai une tendinite au tendon rotulien. Soigné et conseillé pendant près de 2 mois par mon kiné (MM. Guillemot/Levisse à Meudon), je dois réduire  mon entrainement, changer de chaussure et tou faire pour être prêt en avril.

La chance a voulu que ma tendinite se résorbe facilement et me voilà prêt pour le départ. J'écris la chance car, ma tendinite n'était pas liée à problème physiologique : ni bassin particulier, ni jambe trop longue, ni tendon frottant contre un os, ni ménisque endommagé. J'avais juste trop forcé. Avec quelques exercices de stimulation des tendons puis application d'une poche cold/hot froide sur le genou, ma jambe droite avait retrouvée toute sa forme.

Nous sommes alors en fin mars 2005 et je suis prêt pour le MDS.


Préparation du sac à dos :
A Paris, après 10 mois d'entrainement, c'est aujourd'hui que je pars prendre mon avion pour Ouarzazate. Prolongeant mon séjour au Maroc en famille après l'épreuve, je prends un avion seul en début d'après midi . Il est 9h30 du matin, la famille est partie travaillée en me souhaitant le plus grand courage pour cette aventure. Et déjà, c'est le stress intense !
Tout d'abord, je prépare mes petits sacs individuels pour chaque jour. Manquant d'expérience, comme beaucoup, j'ai acheté pour toute l'équipe Handicap Marathon le pack proposé par Raidlight respectant les 2000 calories / jour. Au le petit-déjeuner, le sportdej chocolat, puis en course les barres, les poudres Oversteam, les boissons de récupération dont l'Adep (la soupe froide) et puis le diner solide du soir.
Mes petits sacs sont prêts et je peux tester enfin le poids total de mon sac. 11 kilos :-(
Mon père qui m'accompagne à Orly se demande encore pourquoi je me suis lancé dans cette co.... avec un sac pareil. Qu'importe, je veux surtout garder mon sac de course en cabine, aucune envie d'arriver au Maroc sans mon sac pour une erreur quelconque  d'aiguillage de bagage.

Je peux déjà vous donner mes impressions d'après course sur tout ce barda :
- ne pas prendre de sac à dos avec des bretelles format araignée, mais plutôt des bretelles droites qui reposent sur le bout de clavicule
- faire le plus léger possible
- pour la nourriture, éviter le plus possible la nourriture de type marathon. Prendre des aliments de tous les jours qui se conserveront une semaine et compléter avec des déshydratés variés. En tout cas, plus de spordej pour tous les matins. Une fois spordej, une fois des oeufs etc.
- pour les chaussures, des joggings classiques avec des guêtres, ce fut parfait, même si, comme tout le monde, j'ai terminé avec beaucoup d'ampoules.

A suivre, le récit de la course ...

dimanche 1 mai 2005

Marathon des sables 2005 - La course

C'est parti pour 250 kilomètres en 6 jours de course, quasiment un marathon par jour par 40°c.
Nous sommes comme touts les coureurs, pressés que la course démarre. Depuis notre inscription en juillet 2004, 9 mois ont passé. C'est long.


Journée de Vérification
La journée de vérification démarre sous un soleil de plomb. Une première nuit sous les tentes permet de s'acclimater au désert. Ensuite, une longue attente pour vérification du matériel et des autorisations médicales poussent certains à s'entrainer sur les dunes proches. Nous décidons de prendre quelques photos.
En arrivant la veille sur le site, nous ne nous sommes pas précipités sur les tentes avec d'autres français. Du coup, nous partageons nos couches avec 3 espagnols très affutés. Regards fuyants, petites remarques et comparaisons d'équipements. Cela manque encore d'ambiance.
Cyrille a déjà mal partout et pense ne pas pouvoir démarrer la course, tandis que Philippe a de vrais soucis de lentilles qu'il règle rapidement à l'infirmerie avec un collyre. Il a bien fait car une petite tempête de sable se lève. Elle ne dure pas et laisse place à un briefing surnaturel où les anciens  se mettent à danser sur une musique sortie des hauts-parleurs de l'organisation. Un mélange de compétition et de Off ! Le soir, nous prenons un dernier diner "normal" ; une tasse de café brulante se renverse sur mon coude et me fait prendre conscience qu'un rien peut tout faire basculer. Il faut être prudent, se ménager car cela va être long.


Etape 1 : 29km, Température à 12h00 : 29,8 degrés
Premier départ, enfin. Tandis que certains abordent dès le départ la course avec les yeux sur le chrono, nous profitons pleinement de l'ambiance du départ. L'hélico qui passe et repasse au-dessus de nous, et la longue file de coureur qui s'étire vers les premières crêtes. Au cours de cette première journée, nous allons déjà tester de nombreux type de sables, dur et proche de la roche, puis mou au point de s'enfoncer comme sur une plage. A chaque heure environ, nous récupérons une bouteille d'1,5 litre. Tout va bien même si nous restons assez angoissés. Philippe a chaussé des sandales ce qui intriguent beaucoup de coureurs, qui trouvent d'ailleurs l'idée assez géniale. Hubert et Cyrille le suivent de près, ce dernier échangeant aussi quelques mots avec la caravane de coureurs.Edouard fonce en-tête et j'essaie de tenir son rythme, mais avec difficulté.
Finalement, nous arrivons dans notre tente bien après nos amis espagnols qui ont l'air bien frais.

Après un goûter à l'Adep..., certains vont déjà à l'infirmerie se faire soigner les pieds, d'autres préparent leur couchage. Hubert et Edouard en bon scout partent rapidement chercher du bois pour notre diner ce soir.
Vers 18h00, nous démarrons notre feu ; le bois ne sert quasiement à rien et nous utilisons nos esbit beaucoup plus efficace. Ca y est nous démarrons nos cuissons de produits déshydratés qui se révèlent acceptables.
Après ce bon diner, au dodo avec quelques pierres sous la moquette...pas très agréable.

Etape 2 : 37,5km - Température à 12h00 : 35 degrés
Pour cette seconde étape, une surprise nous attend. Après un départ vers 8h30, vers midi, nous voyons au loin une grande falaise. Et plus je m'en rapproche plus je m'interroge sur la passe possible. Alors que le sable devient de plus en plus meuble, il devient difficile de trottiner. Finalement, nous réalisons qu'il faudra gravir une dune qui s'écoule du haut de la falaise. Arrivé en haut, une longe nous aide à franchir la dernière difficulté. Nous découvrons avec cette journée l'esprit Trail : des chemins impensables, des découvertes de la nature comme jamais imaginer, un découverte totale de notre environnement !
Juste derrière la passe se trouve le campement qui pour ce second jour, commence à ressembler à une cours des miracles. On se croirait dans une slle d'attente d'un hopital de campagne. Tout le monde enfile des surchausses bleutées pour protéger les ampoules ouvertes et soignées à l'éosyne.
Question nourriture, nous commençons doucement à saturer sur nos plats. On se l'échange pour stopper la saturation. Le pire se révèle être au petit déjeuner : je ne peux déjà plus supporter le spordej chocolat et les les barres goût amande.

Etape 3 : 41km - Temperature at 12h00 : 31.9°c
  Pour cette troisème étape, je me sens bien et je décide de tenter un bon chrono. Un seul moyen, la relance, la relance, la relance. En clair, dès que c'est plat, je trottine où je cours plus vite. Je remonte pas mal de coureurs, ce qui me fait découvrir d'autres styles. Les équipements de protection type guêtres, sont plus imposants, mais le tout est un peu plus lourd. Nous avons misé sur la légèreté et c'est peut-être mieux.
A la fin de cette étape, je fini dans les 200 et je suis très content de cette perf !
En retournant à la tente, j'attends toute l'équipe en sirotant un Adep ! Edouard, puis Philippe et Hubert qui ronchonnent pas mal. Enfin, Cyrille nous rejoint avec des pieds très abîmés. Mais pas de nouvelles  de nos champions espagnols. De retour de l'infirmerie, Cyrille nous informe que nos amis ibériques ont été fortement déshydratés, au point d'être victime de sévères tendinites aux jambes. Pour l'un d'entre eux, IronMan de Lanzarote, l'histoire semble presque finie. Mais il conserve un bon moral pour la suite. Pourtant, le lendemain nous devons effectuer la 76km.

Pour le diner, un spectacle sur-réel nous attend. Patrick Bauer nous a prévu une animation avec concert classique et soliste. Un peu de légèreté dans notre monde de "brut" !
 
Etape 4 : 76km - Température at 12h00 : 38,8°c
Réveillés comme toujours par les bédouins qui s'occupent de démonter les tentes et les amener au prochain campement, nous nous préparons pour cette étape ultra longue. Déjà 3 jours et quasiement " marathons dans les pattes et nous devons aborder à présent plus qu'une Saintélyon, malgré le cumul de fatigue, le sac-à-dos et la chaleur. Mais nous sommes motivés par une chose : terminer cette étape. Car nous préssentons que terminer c'est l'assurance d'être Finisher.
Nous partons donc vers 8h30 avec une stratégie payante : rester tous les 5 ensemble pour ce soutenir en cas de coup dur. Et cela me sera bien utile. Vers 14h/15h, je suis victime d'un gros coup de chaud. Nauséeux, je me sens très fatigué. Heureusement, Cyrille me soutient et j'emboite le pas de Hubert sans me poser de question. Alors qu'une petite tempête de sable nous recouvre, la température baisse et je recouvre 2/3 heures plus tard un peu plus de vigueur. Le soleil ne tarde pas à se coucher et nous poursuivons tous les 5 en pleine nuit. Alors que nous manquons d'expérience sur la gestion de marche de nuit, Philippe nos convainc qu'il faut poursuivre pour rejoindre au plus vite le campement. Nous y dormirons bien. Motivés comme des lapin "Duracel", nous remontons de nombreux concurrents en suivant les pas rapides de Philippe.
Enfin nous devinons une lumière dans la nuit. Ca y est nous y sommes ! Toutefois, il nous faudra encore 2 heures pour atteindre le campement. Voilà, nous y sommes !

Au petit matin, nous savons que nous avons la journée pour nous reposer, lire les mails qui nous sont envoyés et y répondre. A la mi-journée, une tempête de sable recouvre le campement. Nous restons sous nos tentes à nous reposer en prévision d'une nuit mouvementé où la tente s'effondrera sur Cyrille. Je passe aussi ma journée à recoudre mes New Balance 1050. Alors que je n'ai pas une ampoule (!) grâce aux mini-guêtres, cette fois ce ne sera pas facile. Enfin, Cyrille nous lit un email où Stan s'interroge sur son rythme un peu cool...

Etape 5 : 42,2km - Température at 12h00 : 38,8°c
Fallait pas l'énerver Cyrille. Malgré une chaleur importante, Cyrille nous joue un coup de maître. Il passe la première et finit 160ème de l'étape. Comme ça, les choses sont plus claires !
Le soir, nous sommes heureux comme tout. Nous savons que nous serons finisher. Nous célébrons cela avec nos amis espagnols sévèrement abîmés. Et nous sommes même assez fiers d'être devant eux au classement, alors qu'ils sont triathlètes.

Etape 6 : 20km - Température at 12h00 : 38,8°c
 Cette dernière étape sonne le temps des adieux. Les bénévoles nous font la holà au petit matin, des canettes de Coca nous servent de petit-déjeuner.
Nous partons pour 20 kilomètres de promenade après les coups de feu spectaculaire de gardes officiels.

A l'approche de l'arrivée, c'est l'émotion qui nous sert la gorge. Patrick Bauer attend chaque coureur sous la banderole et lui remet personnellement l'énorme médaille de finisher.

Nous retrouvons aussi Alexia avec une nourriture du terroir français. Un bonheur !
Un peu plus tard, nous retrouvons aussi Fabienne, les enfants et mes beaux-parents heureux d'accueillir leur fils et deux de leur gendre !

Tout ce récit est dédié aussi à l'équipe de la Gentilhommière avec qui nous avons partagé cette semaine. Chaque soir, nous adressions un récit de course à une des classes. En projet pédagogique complet avait été mise en place avec les enfants, pour le bonheur de tous. De plus, nos efforts ont permis de collecter pour 50.000 euros qui ont été redistribués à la Gentilhommière en achat de matériels spécialisés.