dimanche 10 octobre 2010

20km de Paris en joelette

Pour la deuxième année consécutive, nous avons amené deux jeunes sur les 20km de Paris.
Un soleil magnifique pour traverser Paris, un parcours bordé de milliers de supporters pour encourager tous les coureurs, dont Chloé, Sabrina et la quinzaine de coureurs Orange, avec le soutien de Handicap Marathon, accompagné de Sandrine et Anne-Sophie.
La matinée est tout d'abord bousculée. Nous nous présentons à 9h35 pour rejoindre le départ, mais les 20.000 coureurs sont déjà tassés. Nous tentons de nous frayer un passage avec les deux joelettes parmi cette foule si dense. "Pardon, pardon, handicapé ..." et nous arrivons finalement sur la ligne d'arrivée à l'instant même où le départ est donné pour les handicapés. Nous n'en croyons pas nos oreilles et c'est avec beaucoup de sourire que nous entamons la montée pour le Trocadéro. Chacun prend ses marques et nous filons sur un train bien rapide (12km/h !).
Dans le bas de l'avenue Foch, nous nous faisons doubler par les élites qui foncent bon train.
Nous remercions Chloé et Sabrina, car pour une fois dans une course, nous croisons ces coureurs d'une autre planète. Et nous poursuivons dans le Bois de Boulogne en nous échangeant chaque poste sur la joelette : 1 derrière qui pousse et vérifie l'assiette, 2 sur les cotés pour l'équilibre (de l'assiette), 2 de devant qui tirent et maintiennent la joelette à l'horizontal. Et déjà plus de 10km en 1 heure, quand nous arrivons sur des quais bien remplis.

C'est alors un grand plaisir pour toute l'équipe car la foule importante sur les trottoirs nous encouragent en hurlant les prénoms de Chloé et Sabrina.
Au bout d'une 1h50, nous passons la ligne d'arrivée au pied de la Tour Eiffel, avec "presque" beaucoup de facilité. Nous rejoignons le stand Orange pour une dernière photos et une bonne accolade.
Une fois encore, avec les joelettes, les coureurs découvrent que la course à pied n'est pas un sport individuel mais qu'il y a beaucoup à partager et communier.
Merci à tous :
- Jean-Christophe, Françoise, Gérard, Laurent, Didier, Stéphane L & V, Fabrice, Frédéric L et P, Ollivier, Aïssa, Philippe d'Orange,
Francois, FanFan, Pierre-Antoine, Stan et Féfé, Cyrille de Handicap Marathon
Anne-Sophie et Sandrine de la Gentilhommière (ARIMC)

A bientôt pour de nouvelles courses.

mardi 5 octobre 2010

C'est quoi un bon entrainement ?

Vaste sujet, mais je propose de vous faire partager mon expérience.

Pour rappel, je n'ai jamais pratiqué de sport en club quand j'étais jeune.
Avantage : je ne me suis rien abîmé, notamment les ménisques.
Inconvénient : j'ai une puissance respiratoire et musculaire qui part d'assez bas.

En 1995, je cours 1 heure par semaine. Je double pour effectuer le Paris-Versailles et les 20km de Paris. Je termine chaque course totalement cuit et je mets 3 jours à m'en remettre.
Toutefois, j'avais perdu 10 kg (de 97kg à 87kg) en 2ans ce qui m'a motivé pour poursuivre.
En 1997, je passe à 3 heures par semaine et je tente mon premier Marathon (de Paris) en 4h15.
Jusqu'en 2003, je me maintiens à un marathon par an, le pire en 4h45, puis 4h10 à New-York en 2000, et puis une volonté de progresser en gagnant 15 minutes à chaque fois (4h00 en 2002, 3h45 en 2003).
En 2004, je passe à 6heures par semaine et j'effectue le Marathon de Paris en 3h30.
Je passe alors à 8 heures par semaine et c'est le début de l'Ultra avec la Saintélyon (60km).
Ensuite, c'est pire :
2005
. Avril 2005 : Marathon des Sables (250km)
. Aout 2005 : 6000D ,soit 50km avec 3000D+ et 3000D-
. octobre 2005 : Trail des Templiers (80KM, 2000D+)
. decémbre 2005 : Saintélyon (60km)
2006
. UTMB Aout 2006 : 150km, 9500D+ (42 heures)
. Début de l'entrainement Triathlon
2007
. Tour des Galciers de la Vanoise (80km, 3000D+)
. UTMB Aout 2007 : 150km, 9500D+ (38 heures)
2008
. Triathlon moyenne distance de Troyes
. IronMan de nice
2009
. Ecotrail de Paris
. Triathlon moyenne distance de Dijon
. UTMB / TDS (110km, 6500D+)
. Diagonale des Fous (150km, 9500D+)
2010
. IronMan de nice (12h30 3,8/180/42,2 km)
. Petite Trotte à Léon (104 heures, 250km, 17.500D+)


Suggestion 1 : différence entre entrainement et bien-être
Un bon entrainement est celui où l'on sue ! A contrario, considérer que 30mn de vélo ou de marche à pied est du sport, est d'après moi une erreur. Contre toute idée reçue, si vous pensez qu'aller au bureau en vélo est du sport à 10km/h, c'est plutot une erreur.
Mieux vaut consacrer 45mn le matin, à jeun, avec un bon rythme de course à pied.
En clair, il ne faut pas confondre santé, bien-être et sport ! Le sport est ensemble complexe qui sollicite les muscles, les tendons et le coeur (qui est un muscle !). On doit les solliciter jusqu'à une limite qui ne doit pas vous exténuer. En les agressant, ils réagissent en se renforçant : le cœur devient plus tonique, offre un meilleur rendement (battement plus lent pour une capacité d'oxygène supérieur), les muscles plus fort et résistants.

Suggestion 2 : Se donner du temps pour progresser
Inutile de brûler les étapes, vous vous blesseriez !
Tripler le temps d'entrainement en course à pied provoque à coup sûr des tendinites et autres séquelles plus où moins grave. Si vous courez une heure par semaine actuellement, placer un second entrainement c'est parfait. Mais il faudra introduire progressivement le troisième.
Et la limite arrive assez rapidement. Passer de 3 heures à 6heures par semaine pour viser 3h30 au marathon est très voire trop ambitieux (sauf si vous avez eu un passé de sportif) !

Suggestion 3 : Toujours finir une séance avec l'envie de recommencer !
 Parmi mes nombreuses lectures depuis 15 ans, j'ai retenu une règle que j'adore : quelque soit la séance d'entrainement, il faut toujours finir en se disant que l'on a la capacité de refaire les exercices une seconde fois. Mais ne jamais les refaire. Notamment si vous avez effectuer une séance dure, terminer en se disant que l'on peut poursuivre n'est pas à un aveu de sous entrainement. Si vous avez respecté votre programme, c'est donc que vous allez progresser la prochaine fois et en faire un peu plus.

Suggestion 4 : Croiser les sports
Avec 6 heures de course à pied par semaine, le jour où j'ai substitué une séance par de la natation et une autre par du vélo (d'appartement par exemple), je n'ai plus jamais eu de douleurs aux tendons, ou bien musculaire. Mieux, je n'ai jamais de courbature car à la fin de chaque séance de course à pied, je marche 5 minutes en étirant bien les jambes (phénomène découvert lors de l'UTMB). En clair, l'entrainement Triathlon est formidable. La littérature est fournie sur le sujet. En croisant les sports, on ne se blesse pas, on fait progresser les autres sports : la natation renforce les abdos pour une meilleure tenue en course à pied, sans compter avec une respiration améliorée. Le vélo fait travailler le cœur sans solliciter les genoux. La course à pied ne sert qu'à la course à pied ;-) Pas tout à fait car lorsque l'on est en haut d'une côte, à pied, il faut continuer, en vélo, c'est bien plus cool !

Suggestion 5 : Anticiper les petits bobos
 En pratiquant un sport régulièrement, on a des chances de se faire des bobos au squelette, au ventre, aux muscles et tendons. Les micro-chocs en course à pied, l'acide lactique à répétition  et les frottements osseux provoquent des lésions plus ou moins importantes. Il faut favoriser le drainage lymphatique et l'équilibre.
1/ Boire 1 litre par jour minimum et boire pendant ou après la séance
2/ prendre des gélules homéopathiques d'Arnica dès que l'on pense avoir effectuer une séance dure ou lors d'une semaine chargée
3/ se trouver un bon ostéo à consulter tous les trimestres. Il vous remet en place ce que vous n'avez pas eu et favorise le drainage par quelques massages/simples pressions.
Le mien c'est Patrick Mazeau, Paris 15ème ;-)

Suggestion 6 : Bien s'équiper
 Tout d'abord les chaussures. Maximum 80 heures pour une paire de jogging. Au-delà, c'est prendre le risque de s'abîmer les genoux, puis la colonne. Ensuite, courir à la bonne température, avec les vêtements respirant. Fini le coton !

Suggestion 7 : Rien n'est impossible !

mardi 14 septembre 2010

La Petite Trotte à Léon 2010

Version allongée de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc

Equipe 21 Handicap Marathon

La Petite Trotte à Léon surnommée PTL est une émanation de l’UTMB, tout comme le sont la Courmayeur/Champex/Chamonix, dite CCC et le Trail des Ducs de Savoie, dite TDS. Tandis que les uns choisissent de découvrir les épreuves d’ultra avec les CCC et TDS d’environ 100km, d’autres visent le Graal avec l’UTMB et ses 150 km. Enfin, certains un peu perdus avec tous ces kilomètres peuvent cocher la mauvaise case lors de l’inscription en sélectionnant la PTL. Erreur fatale ! Ce sont 250km qu’ils auront à parcourir et devrons partir pour cela pour 4 à 5 jours de course.



Le départ de Chamonix a lieu cette année 2010, le mardi 24 aout à 22 heures, Place de l'Amitié. Le bulletin météo des jours à venir est alors plutôt favorable, même si le temps est un peu couvert ce soir-là.
Une ambiance digne de l'UTMB nous accompagne depuis le départ jusqu'au mur d'escalade en sortie de Cham' avec des supporters tout le long de la route. Incroyable ! Et comme chaque année, on se laisse porter par cette vague d’ultra-trailer qui part pour un long voyage intérieur.

Mais cette fois, ce n’est pas l’UTMB. Nous, c’est-à-dire Pierre, grenoblois utmbiste en 36 heures et 11 ascensions du Mont-Blanc, Philippe, multi ultratrailer et ex-médecin du Raid Gauloise, et moi-même, partons pour une boucle d’environ 250 km de courses alpines incluant 17.000 de dénivelé positif , de vagabondages (quand on est fatigués) et de jardinage (quand on cherche le bon chemin). Nous entrons dans une véritable inconnue physiologique. Certes, c’était déjà le cas en 2005 pour le Marathon des Sables, puis la 6000D, ensuite en 2006 pour l’UTMB, puis enfin en 2009 pour la Diagonale des Fous. Nous ne sommes donc pas trop effrayés, nous savons comment nous équiper (gore-tex only), nous préparer (une bonne bière !), nous alimenter (normalement), nous reposer. Seule réelle inconnue finalement, les risques de tendinites, traumatismes et autres chutes, mais en la matière, nous savons d’expérience que c’est la loterie. Alea jacta est !

A quelques heures du départ, nous cherchons à rationaliser nos pensées, en bons cartésiens que nous sommes, et tentons d’estimer notre temps total. Pierre a développé une formule empirique : à chaque fois que l’on double la distance d’une épreuve d’ultra-endurance de montagne, on parcourt la première partie 1/3 plus lentement et la partie ajoutée en deux fois plus de temps, c’est-à-dire : temps épreuve 1 x 1,33 + (temps épreuve 1) x 2 = Temps épreuve 2. Pierre doit être un grand mathématicien refoulé. A l’UTMB (166km/9500D+) Pierre a mis 36 heures, ainsi le temps estimé pour notre PTL, devrait être de 36x1,33+36x2x2/3 = 95 heures. Si cela nous donne un objectif clair et nous aide à nous projeter, Fabi, ma femme est plus concrète. 94 heures (environ 4 jours) seraient quand mieux pour faire un bon diner à l’M le samedi soir. Mais peu importe pense Philippe, nous avons un objectif de 100 heures à 5% près. En fait, tout le long de la course, je ne vais cesser de penser au temps de course, intermédiaire et total. C’est véritablement obsédant et usant à la longue.

Mais comment avons-nous fait pour nous retrouver ce mardi 24 aout, en vue d’effectuer une épreuve, il est vrai, un peu extrême pour le commun des piétons ? A vrai dire, tout a commencé 10 mois plus tôt, à l'arrivée du Grand Raid de la Réunion, en octobre 2009. Avec Philippe, nous venions de boucler en 42 heures cette Diagonale des Fous 2009 (150km - 9500D+), malgré une pluie torrentielle et des montées / descentes très fortes et sans bâton. Lors des jours qui suivirent, notre rapidité à recouvrer nos forces nous amena à penser que nous sommes de plus en plus résistants et l'expérience nous permet d'être " toujours finisher", comme Fabi l'expliqua à un concurrent non-finisher et aux deux pieds meurtris, visitant le Volcan. Alors, quelques semaines  plus tard, lorsque le 31 décembre, je reçois un email de l'UTMB me sollicitant pour me pré-inscrire à une des quatre courses (UTMB, CCC, TDS et PTL), je m'interroge sur la Petite Trotte à Léon. 250km et 20.000 de dénivelé positifs / 20.000 de dénivelés négatifs : cette course peut-elle nous permettre de répondre à une même interrogation : y-a-t-il une limite physiologique à la distance ? Jusqu'où pouvons nous aller ? Etre finisher de la PTL répondrait en grande partie sinon définitivement, à cette quête du toujours plus.
Un mail à Philippe et un SMS à Pierre, et leurs réponses spontanément favorables 24 heures plus tard, nous permettent de nous inscrire tout comme 70 autres équipes à la PTL de fin aout 2010.
L’anecdote veut que Pierre avec qui je n’avais effectué qu’une seule sortie familiale à l’Alpe d’Huez, où je l’avais vu pousser la poussette de Chloé dans des pentes raides avec une abnégation d’ultra-trailer, m’a répondu par un premier SMS : « je réfléchis et te répond demain » . Sans attendre le lendemain, je recevais 2 heures plus tard un SMS : « ok, Banco ». L’excitation de l’inscription est assez comparable aux sentiments mêlés d’un enfant qui fait sa liste au père Noël en y inscrivant le DVD de l’Exorciste !
Pendant huit  mois, pour nous entrainer, chacun fait avec ses habitudes : Pierre, en bon grenoblois, abat des km et du dénivelé à l'Alpe d'Huez, Philippe militant du toujours moins à l'entrainement, court parfois à Corrençon et pour ma part, un entrainement triathlon pour l'IronMan de Nice et quelques sorties dans le Massif des Maures (maxi 450metres) me permettent d'espérer accrocher leur train d'enfer. Une fois heureusement, nous arrivons à nous entrainer ensemble pour un "off" du Trail de la Sainte Victoire. En 10heures, 50km et 2500D+, nous avons créé un début d'esprit d'équipe, testé les réactions en course (une pente forte qui fait peiner, le manque d'eau, l'envie de se poser, la carte mal orientée) et découvert la marque préférée de cigarillos de Pierre.
Enfin tout s'accélère à la mi-aout, lorsque nous préparons nos sacs pour la PTL : 4 à 5 jours entre 800mètres et 3000 mètres d'altitude, et s'il fait beau et s'il pleut et s'il neige ? Nous prenons conscience qu'il faut tout prévoir et surtout des fringues hautement techniques qui sont imperméables ou qui sèchent très vite. En clair, le matériel de l'UTMB en triple  exemplaire, avec un peu plus. Pierre transportera une tente en cas d'orage, heureusement inutile et un chargeur solaire, Philippe une trousse à pharmacie cachant quelques trésors de l'anesthésie.

Mardi 24 aout, nous nous retrouvons donc à Chamonix dans le gymnase habituel pour retirer nos dossards et la balise GPS/GSM, qui fera le bonheur de nos supporters sur Google Earth.
Le briefing ressemble à une réunion syndicale des retraités de l'UTMB. Animateurs, bénévoles, coureurs, tout le monde est vieux, càd plus de 40 ans ! Nous rions beaucoup à chaque remarque, n’écoutons aucun conseil, mais nous passons un bon moment. C’est quand même les vacances !
Après une pasta party organisée dans le réfectoire de l'école supérieure de Chamonix, nous nous rendons à la brasserie de l'M  et commandons 3 cafés serrés chacun, en nous promettant d'être de retour en tant que finisher quatre jours plus tard... Nous appelons une dernière fois nos familles et rejoignons enfin la Place de l'Amitié vers 21H30.

Avant de démarrer le récit du parcours, un mot à propos de Handicap Marathon. Depuis maintenant 5 ans que nous portons les couleurs de l’association, une fois encore nous courons aussi car nous sommes en pleine forme tandis que d’autres souffrent ou sont freinés dans leur élan. Aller au bout de nous même, c’est une façon de rejoindre ces souffrances, savoir les dépasser et montrer que l’on peut, avec un mental d’enfer, soulever des montagnes …


Mardi 24 aout, 22h00

Départ de Chamonix 22 heures,  nous cheminons le long de la forêt en direction des Houches enchainant avec la montée classique de 600 mètres D+ au Col de Voza. Quelques personnes sont encore présentes pour nous applaudir ce qui est toujours agréable. C'est le temps des réglages, des premières sensations, pas forcement très bonnes. Si nos têtes ont envie d'en découdre, nos corps sont à la peine, comme des chevaux réfractaires. Mal au genou, mal à la cuisse. Et puis cette montée en pleine nuit au Chalet du Truc quel dommage !


Mercredi 25 aout – 0h00, depuis Cham’ 20km, 200 mètres D+ cumulés

En tout cas, déjà 30km, 2000D+ lorsque nous arrivons vers 4h du matin au Refuge de Tré-la-Tête. De nombreuses équipes sont présentes et nous commandons une bonne soupe avec du pain à deux dames charmantes, mais un peu débordées. Nous découvrons le rythme de la PTL : celui d’une randonnée en haute montagne. D’ailleurs, aucun ravito n'étant prévu sur le parcours par l'organisation, il est important de s'arrêter toutes les 6 heures pour recharger en eau, manger un peu et se reposer quelques minutes. En général, les arrêts sans dormir dureront 60 minutes !



Col de la Forclaz (côté Vanoise)
Nous repartons en direction du Refuge de la Balme, au pied de la montée vers la Croix du Bonhomme. Le temps de prendre une photo et en l'absence de petit-déjeuner possible, nous nous relançons vite, lâchant ainsi quelques équipes. Certes, il n'y aura pas de classement à l’issue de la PTL, mais c'est toujours bon pour le moral de se sentir de facto en meilleure forme que les autres.

Repartant d’un bon pas, à la croisée de chemins, nous voyons indiqué le Col d'Enclave. J'en rêvais depuis quelques mois. A chaque UTMB, je me rendais dans le Val d'Aoste en passant par le Col du Bonhomme puis les Chapieux. Je suis alors excité de découvrir une nouvelle passe et entrer enfin dans le monde de la Petite Trotte à Léon. 900D+ et 4km, voilà de la pente, sur un sentier étroit, fuyant, se terminant en une sorte de pierrier herbeux comme indiqué sur le TopoGuide. Sans être dangereux, il faut bien assurer nos pas pour éviter la chute et ne pas pendre de pierre. Au col, nous sommes récompensés par une vue magnifique et ensoleillée.

De là, nous redescendons 800 mètres plus bas, au Refuge des Mottets en ayant effectué à présent en cumulé 3400D+ et 46km. A ce moment, on ne calcule évidemment pas. Ce dire qu’il resterait encore 200 km serait déprimant. Par contre, un névé, une bonne descente, quelques pâturages et lacets nous distraient un peu. Arrivés, nous commandons à nouveau un potage et une soupe. Il est 9h30 du matin. Le soleil est déjà haut et nous nous changeons : t-shirt et casquette, tandis que nous rentrons gore-tex et fine polaire à sortir pour la prochaine soirée.



Nous repartons donc en direction du Col de la Seigne, mais rapidement nous changeons de direction pour partir vers le Col de l'Ouillon. Assez mal connu, il ouvre pourtant sur un cratère exceptionnel de verdure encerclé par de hauts sommets. Nous sommes aux portes de la Vanoise où les seuls habitants présents sont quelques moutons. Cette descente assez facile nous amène pourtant jusqu'à notre premier jardinage.

En effet, le topoguide nous indique de gravir le Col de la Forclaz (un homonyme...) : "Le col de la Forclaz défendu par des pentes herbeuses raides [...]  que vous attaquerez au mieux !!! En fait, il s'agit d'un raidillon de 400mètres vertical avec une pente de 20% sans sentier. Alors que nous étions en pleine forme après le stop aux Mottets, je me retrouve bien cassé au Col de Forclaz.

Refuge Deffeyes - Italie
Heureusement, une redescente sans piège nous amène au Col du Petit-Saint-Bernard. Nous reconnaissons bien l'endroit traversé l'année dernière lors de la TDS ; il était minuit et il faisait froid. Ce jour, il est environ 16H00 et nous avons parcouru 63km et 4700D+ depuis le début, soit un quart de l'épreuve. Mais cela ne nous rassure pas pour autant. Par contre le menu de pates qui nous est offert par l'organisation dans un des resto du Col nous réjouit. Un repos nécessaire avant d'attaquer la soirée. Car notre prochain but planifié est le Refuge Deffeyes. Nous pourrons nous y restaurez à nouveau et y dormir. Il reste donc 1500D+ et 20km à parcourir. Le soleil va se coucher vers 20H00 ; nous devons faire vite pour passer le prochain Col sereinement.

Nous repartons donc vers 18H00 en direction du Mont Valaisan avec une équipe d'allemands. On est assez loin de l'ambiance classique de compétition. Si tout le monde est motivé pour trottiner en descente, et monter d'un bon pas, la politesse est toujours de mise ! "Après vous, non allez-y, Danke schön, Bitte schön ! Pas de difficulté particulière, juste 700mètres D+ à gravir à nouveau dans un sentier toutefois bien marqué au milieu des pierres. Seul le sommet nécessite de mettre les mains, ne pas trop regarder en bas. Ca va passer ! Une vue superbe nous accompagne lors du coucher de soleil.  Arrivés au sommet, un sentier que j'appellerais "dangereux" nous attend. Déjà 22H dans les jambes, et nous devons nous tenir à la paroi friable, amorcer 2 à 3 virages courts, sur une forte pente glissante et "aérienne". Clairement, je ne suis pas habitué à ce genre d'acrobaties. Les allemands m'expliquent comment tenir les bâtons, la paroi et marcher. Premier cours de haute montagne ...
Nous pensons alors être presque arrivés. Erreur, il suffisait de lire le topo et calculer que 600mètres D+ et surtout 1100mètres D- nous attendent encore.


Jeudi 26 aout, 0h00 – Depuis Cham’, 81km, 6200 mètres D+ et 0 heure de sommeil cumulés

C'est la nuit, un grand vagabondage démarre, avec de plus en plus d'équipes. Nous arrivons enfin au Refuge Deffeyes à 1h20 du matin.
C'est alors un peu la cour des miracles. Toutes les équipes sont présentes au même moment. Mais tandis que les premiers préparent leurs sandwichs et partiront vers 2 heures du matin, d'autres      boitent, s'affalent ou tentent de comprendre où ils sont vraiment.
Déjà près de 28 heures de course sans dormir, cela use les organismes. Un membre de l'organisation est présent et recense toutes les arrivées et les départs. Cela me rassure un peu ; je me dis qu'ils ne nous envoient pas au casse-pipe ! Nous montons nous coucher à l'étage. Pas dur de se diriger à l'odeur, dans un dortoir plein comme un oeuf avec quelques ronfleurs. Nous nous dispatchons dans les lits. Je m'endors comme un bébé, tandis que Pierre et Philippe passent un nuit agitée. Nous avons réglé nos montres pour 5h30 du matin. En effet, selon la théorie de Philippe, un cycle de sommeil réellement réparateur dure 2 heures. Nous optons pour 2 cycles, histoire de nous maintenir en forme. Rien ne sert de courir, il faut partir à point ! Si finalement je me réveille à 6h15, Philippe et Pierre se sont réveillés vers 5h00 avec des douleurs aux jambes. Au final, nous partons vers 7h, après un petit dej fait de biscottes ; pas de quoi grossir !
Col d
Nous quittons le refuge, chaussons nos Salomon respectives et vogue la galère pour 500 mètres D+. Rien de mieux pour bien démarrer une nouvelle journée ! Très vite, la vue est magnifique. Nous découvrons en plein jour que le refuge en pierre est entouré d'un paysage vallonné, accompagné d'un petit lac. Le paysage carte postale laisse rapidement place à quelque chose encore plus grandiose. Lorsque l'on s'engage sur le sentier pour atteindre le Col de Planaval situé à 3000 mètres, nous empruntons un chemin de crête assez étroit mais pas trop aérien et nous découvrons que nous longeons un glacier. On se croirait en Islande ! Puis nous attaquons une montée raide sur des blocs rocheux instables, dixit le TopoGuide. De jour, c'est presque drôle, de nuit, le topoguide déconseillait fortement.

Lorsque nous arrivons au Col, le directeur de course , JC Marmier nous attend, avec quelques bonnes remarques, prenant sans doute sa revanche de nos blagues lors du briefing 30 heures plus tôt : « alors grâce mat' les gars ! » La vue à 3000 mètres permet de découvrir Morgex, 21 km plus loin et surtout 2400 mètres plus bas ! Avant cela, nous avons un névé de 200 mètres à descendre sur une pente raide, raison de la présence du directeur de course. Une longe a été installée pour les neuneus de mon espèce. Pierre, en bon grenoblois, agrippe sa paire de bâtons, abaisse son centre de gravité, et part tout schuss. C’est James Bond à la PTL ! Nous le retrouvons 15 minutes plus tard, cigarillos au bec, profitant du soleil ressemblant finalement plus à Hubert Bonisseur de la Bath. Il ne lui manque que la moustache !


Col de Planaval - Morgex au loin
 Nous repartons en jardinant quelque peu. Nous recevons d’ailleurs un sms de nos supporters connectés de Morges, qui se demandent pourquoi nous sommes écartés de 800 mètres de la trace. C'est Moscou qui nous surveille ! Nous avons perdu 20 minutes dans l'affaire. Je ne sais qui est le fautif, même si j'ai donné un mauvais conseil. En tout cas, pas de mauvaise ambiance. Nous poursuivons notre descente qui offre cependant un bon petit raidillon appelé "Arpille" que j'aborde en premier. Cela me rassure terriblement. Pas d'ampoule, pas de douleur musculaire à la cuisse, les bas de contention m'évitent d'avoir les mollets douloureux. Je suis dans le rythme.

Nous abordons Morgex vers 14h, je crois. Cela sonne un peu comme la moitié du parcours. L'organisation a mis à disposition un gymnase avec douche et le réfectoire d'une école où nous dévorons des lasagnes et un litre de Vichy . La douche est salutaire même si je n'ai pas prévu assez de caleçon ni de t-shirt. Tant pis, je le met à l'envers ... On se rattrapera plus tard ! Les bénévoles qui nous accueillent sont au petit soin, adorables, soucieux de notre confort. On sent que 200 personnes, ce ne sont pas 2000 à gérer. Sur la table du repas, nous tombons sur un bulletin météo peu engageant. Alors que le soleil fait monter fortement la température (je bois alors 1 litre heure au moins), la soirée de vendredi et tout le samedi s'annoncent pluvieux avec risque d'orage. On se dit que l'on s'adaptera, inutile de faire des calculs d'hypothèses (s'il pleut et si c'est la nuit, on dort, s'il ne pleut pas on marche, si c'est le jour et il pleut on dort, etc ...).

Nous repartons vers 15H30 en direction des cols de Fetita et Citrin. Au programme, 2100 mètres D+ de montée et 20km à parcourir au départ de Morgex. Mais le jardinage recommence. 15 minutes pour sortir de Morgex et trouver le sentier raide qui monte à un premier plateau que nous atteignons vers 18h00. Devant nous, seule une équipe apparait au loin dans une nouvelle pente herbeuse "en l'absence de réel chemin poursuivez au milieu des alpages". Arrivés au col vers 20H, nous jouons un peu de malchance. Pierre, au vu de la carte, pense que nous sommes au Col de Citrin ; de mon côté je déchiffre à présent la nuit le topoguide qui indique qu'il faut emprunter un sentier versant Col du Grand St Bernard. Cela a l'air assez simple. Mais Philippe a un doute. Il commence à se sentir à l'aise avec son GPS et se rend compte que nous empruntons la mauvaise trace. Je me mets alors à douter cette fois des versions de documents et de trace GPS qui ont été changées au dernier moment par l'organisation. De plus, les frontales des équipes poursuivantes s'engagent dans la pente, à l'opposé de la trace GPS. Pierre décide d'écouter Philippe ; les grenoblois ont sans doute un 6ème sens. Arrivé à un pylône sur un autre col (le fameux Col de Citrin), le GPS confirme le sentier. Je tente toutefois d'appeler le numero d"urgence de l'organisation. Pas de réponse. Mais, le GPS de mon Nokia fonctionne parfaitement et j'ai toute confiance dans GoogleMaps. Il confirme la trace de Philippe. Nous descendons presque tranquillement jusqu'à Saint-Oyen.


Vendredi 27 aout 0h00– Depuis Cham’, 130 km, 9236 mètres D+ et 4h30 de sommeil cumulés

A Saint Oyen, un restaurant est supposé nous accueillir. Mais vue l’heure tardive, 1h30 du matin, nous tombons surtout sur des SDF de la PTL. Dure réalité : pas de lieu communal pour dormir, chacun cherche un lieu de fortune. Les uns sur le trottoir devant le restaurant, d'autres sous une alcôve. Nous choisissons une pelouse grasse qui se révèle être celle du monument aux morts ! Philippe et moi nous enroulons dans nos couvertures de survie, Pierre choisissant la toile de tente et le ciment de la fontaine attenante protégée d'un toit. Nous espérions dormir 2 heures ; je me repose 1 heure et claque des dents le reste. Pierre, qui ne trouve pas le sommeil, relie le topoguide et constate que si j'avais pris la peine de lire les descriptions des 2 cols, nous aurions vite compris notre erreur au Col de Citrin. No comment ! L'esprit d'équipe reste intact, personne ne cherchant à s'énerver. Même si je mets quelques heures à ressasser cette bévue, je me dis que la sérénité de l’équipe est le signe de gars qui savent où sont leur priorité.
A 3 heures du matin, nous décollons donc, à la recherche du sentier vers le Col de Barasson. 1300 mètres D+ de montée nous réchauffent et nous réveillent rapidement malgré un brouillard à couper au couteau. Nous suivons une équipe aux méthodes de Raiders. Là encore, malgré des changements de directions permanents, nous trouvons notre chemin, sans énervement.

Vers 9h00, nous atteignons le Col du Grand Saint Bernard avec 2 équipes mixtes d'espagnols. Ils ont « la caisse » et sont accompagnés d’un français qui connait bien les lieux. L’ambiance est donc très bonne.

A ce moment de la course, nous avons donc effectué un peu plus d’un UTMB (150km et 10.600D+) en 59 heures. Nous sommes dix heures au-delà des prévisions de Pierre. Mais nos pensées sont ailleurs. En arrivant à l’Hospice du Grand St Bernard sans casse, ni douleur, tendinite ou ampoule, nous nous sentons en forme même si ce n’est pourtant pas l’euphorie. Car il faut considérer qu’à présent la course démarre à peine, puisque les 150 km déjà effectués sont une sorte de déjà vu. Les 100 km restants représentent pour nous La course proprement dite, cette inconnue physiologique. D’ailleurs les espagnols et français que nous croisons, sont dans le même état que nous. En fait, il faut surtout atteindre Champex pour se sentir libéré, çàd parcourir encore 4000D+ et 54km, une paille !

En tout cas, nous nous arrêtons pour prendre notre premier repas depuis Morgex, pris 19 heures plus tôt. Soupe, Bière, Limonade, Pain et Fromage. Nous mangeons un peu de tout, rechargeons les téléphones, achetons les piles pour le GPS qui est désormais allumé en permanence. Dehors, le temps se gâte, et nous enfilons nos gants, casquettes et Gore-tex.

Et nous voilà repartis pour la Pointe de Drône située à 2949mètres. Sans le savoir, c’est le moment paroxysmique de notre traversée. Nous allons affronter le cumul des difficultés qui en montagne rendent les choses compliquées, engageantes … Une montée raide, sur une roche rendue glissante par la pluie, nécessite d’utiliser en permanence les chaines et câbles rivetés à la roche. Ensuite, nous cheminons sur une crête étroite aux pentes mortifères en nous aidant de chaînes et d’échelles. Mais parfois, il n’y a rien d’autre que nos bâtons pour nous aider, alors que le vent souffle fort en rafale. Nous essuyons un orage qui, à cette altitude peut rendre la situation dangereuse. Nous sommes tous hyper concentrés, contrôlant nos pas. Pierre file sans problème, habitué de ce genre d’ambiance, mais il grelotte et sait qu’il ne faut pas rester là-haut pendant l’orage. Philippe a l’air aussi à l’aise que moi … Pour ma part, je ne regarde pas la pente, ayant trop peur de craindre le vertige qui pourrait me bloquer alors qu’il faut avancer. Je souffle régulièrement, mesure chaque pas, contrôle chaque appui et chaque prise. Les espagnols derrière moi s’impatientent un peu. Quelque part, cela me rassure, je me dis que s’ils se faufilent comme des chats, c’est bel et bien faisable. Au bout d’une heure ou deux (je ne sais plus vraiment), nous voilà sortis de cet enfer. La descente de la crête est très pentue, mais à présent c’est de la rigolade. Clairement, j’ai appris beaucoup sur cette Pointe de Drône …
 
Nous apprendrons le soir que les équipes derrière nous ont été détournées par la direction de course pour éviter ce passage trop dangereux ! Des sentiments partagés nous traversent. Nous sommes à la fois comme des ados, assez fier d’avoir pu nous dépasser, mais aussi comme des pères de famille responsables (8 enfants à nous 3) qui se demandent ce qu’ils font là, à prendre des risques importants.

Même si nous cogitons beaucoup, nous poursuivons notre route vers la Pointe des Gros Six. Le soleil est de retour et le franchissement d’énormes blocs nous apportent un moment de tranquillité. Philippe en profite pour effectuer un micro sommeil de 15 minutes sur un énorme rocher. Nous faisons sécher nos gants et gore-tex à l’arrière des sac à dos. Malgré toutes ces émotions, pour nous, il n’y a pas de doute à continuer notre périple. Nous avons rendez-vous à Bourg Saint-Pierre vers 18h avec Edouard qui vient nous supporter.

La pointe de Gros Six s’avalent d’une bouchée et nous redescendons par une pente herbeuse facile puis par un sentier de randonnée en lacet sans aucune difficulté. Seul piège, nous passons devant une étable où se trouve une table et chaise en bois massif. Après la pause dodo de Philippe, c’est à moi de réclamer une pause. Philippe et Pierre poursuivent devant, tandis que je règle mon réveil pour 16H45 sur ma montre et je m’endors quasi instantanément. Erreur ! Je n’entend pas la sonnerie. En me réveillant en sursaut, je me demande tout d’abord où je suis sur le parcours et surtout en voyant l’heure de puis combien de temps je dors ? Heureusement, il n’est que 17h00, mais il aurait pu aussi bien être 18H00 … Je repars donc aussitôt (je n’avais rien ôté, ni sac à dos, chaussure, veste ou casquette) en retrouvant mes esprits petit à petit. J’entame même une petite trotte ... pour rejoindre Pierre et Philippe que je devine tout en bas de la vallée. Ils m’attendaient inquiets depuis 5minutes, le temps pour eux de manger des framboises et fumer un cigarillos.

Il est environ 18H00 quand nous atteignons l’hotel-restaurant du Crêt partenaire de l’UTMB qui nous accueille chaleureusement. Toute la famille est à pied d’œuvre pour répondre à nos besoins. Une adresse à retenir lorsque l’on passe par le Col du Grand St Bernard, à pied ou en voiture ! Un sympathique responsable de course nous informe des péripéties de la Pointe de Drône, et nous renseigne sur une météo pluvieuse à venir. Autant s’arrêter comme prévu pour manger et dormir jusqu'à’ 2 heures du matin. Il nous informe aussi que des orages sont prévus, en conséquence, notre parcours est modifié, évitant les sommets à 3000 mètres autour du Mont Rogneux. Nous irons directement à la cabane de Mille. En attendant, nous posons nos sacs et chaussures puantes, pour nous offrir un pavé de bison aux morilles, arrosé d'un Syrah suisse du meilleur aloi....dixit Philippe. Le luxe ! Raisonnant à présent à l’instinct, nous  avons envie de nous faire plaisir et reprendre une alimentation normale. De plus les modifications de parcours pour les uns et les autres abaissent un peu le challenge du classement. Nous comprenons que la course est dure pour tout le monde, nous sommes toujours autour de la vingtième place. Cela nous convient parfaitement. Et puis la présence d’Edouard nous apporte est vrai bol d’air « spirituel » ! Il nous raconte sa vision extérieur, les infos depuis 3 jours, ses impressions sur les autres équipes, plus quelques blagues et anecdotes de montagne …

Le confort de la civilisation nous joue quelque peu des tours. Nous restons un peu trop longtemps au restaurant et lorsque nous retournons dans le dortoir de l’hôtel vers 20H30, évidemment les 20 lits sont pleins. Pierre en trouve un, tandis que Philippe et moi ne nous posons pas de questions. Ce sera parterre sur la moquette au pied des autres lits, même si je grelotte malgré une polaire vite enfilée.. A minuit, une équipe s’en va et quitte son lit. J’y grimpe avec grand bonheur pour enfin apprécier le repos de la nuit. 2 heures du matin, c’est le réveil. Une douche, nouvelles chaussettes, nouvelles lentilles, nouveau t-shirt et pantalon pour entamer la dernière partie de notre parcours.


Samedi 28 aout, 0h00 – Depuis Cham’, 165 km - 11.700 mètres D+ et 6h20 de sommeil cumulés

A 3h00  du matin, nous décollons avec Edouard et deux ou trois autres équipes, laissant le dortoir vide. Direction la Cabane de Mille, par un nouveau parcours que nous visualisons avec une nouvelle carte. Nuage, pluie, nuit, forcement nous jardinons pour trouver le sentier. Heureusement, une équipe a pu télécharger la trace GPS transmis par l’organisation. Cela nous aide bien pour avancer, car malgré nos lampes frontales, la pluie et la brume nous empêchent de voir à 360° pour repérer le bon sentier. Edouard, légèrement équipé, s’en retourne et nous donne rendez-vous à Champex qu’il va rejoindre en voiture.

De notre côté, nous montons d’un bon pas (600m/h) et arrivons vers 6h du matin au-dessus des nuages pour une vue magnifique sur la vallée du St Bernard. Après une succession de petits cols, la Cabane est en vue, plus proche d’un refuge que d’une étable. Nous entrons pour nous réchauffer et prendre un petit déjeuner rapide. Le menu affiche des Röstis (galette de pomme-de-terre, oignon, jambon) que nous commandons. Le temps que les plats chauffent et Philippe fait un petit somme, pendant que j’apprends au cours de la conversation avec d’autres équipes que l’UTMB a été annulé. Nous sommes donc d’heureux rescapés météo, notre course n’ayant été touchée que partiellement. Une pensée aussi pour la frustration des compétiteurs. Mais après le décès l’an passé de 3 concurrents au Grand Raid du Mercantour, tout le monde s’accorde à dire que ces ultra-trails sont des courses de montagne. C’est la météo qui dicte sa loi.

A 8h00, nous repartons vers Champex avec un parcours pas trop cassant même s’il s’agit de 10km à parcourir avec une descente de 1600mètres D-. Nous retrouvons Edouard à la Douay pour une dernière montée de 600 mètres avant le stop de Champex.

A la base vie de Champex, nous retrouvons Fabi, Alexia et nos enfants, accompagnés de notre plus fidèle internaute, JC et sa famille avec qui  nous prenons notre dernier bon repas. L’ambiance est très calme et sereine parmi les bénévoles et l’organisation. Nous prenons même le temps de discuter avec Léon qui nous explique sa Petite Trotte et aussi les raisons de l’arrêt de l’UTMB.

Un petit somme d’une heure, quelques courses faites en piles, saucisson et fruits secs et nous voilà repartis vers 15h00 pour un dernier parcours qui se veut pur plaisir. Seules les ampoules de Pierre et la hanche de Philippe gâchent un peu le tableau, mais nous savons que sauf imprévu incroyable, nous devrions rejoindre Chamonix.

Nous abordons donc la Fenêtre d’Arpette avec beaucoup d’entrain. Malgré la pluie, le chemin est plaisant. Il s’agit d’une montée bucolique le long d’un torrent, avec une arrivée sur d’énormes rochers à 2466 mètres. 1200 mètres vite avalés et nous redescendons sans pouvoir apprécier la vue sur les glaciers. Ce sera pour une autre fois !
La descente est forte (-1100 mètres D-) mais sans piège.

Nous passons un torrent et entamons une remontée (+600mètres), pour arriver dans un minuscule refuge « Refuge des Grands » , (la blague !) tenue par une grand-mère un peu fatiguée mais très présente aux fourneaux. Son mari, son fils et ses deux enfants l’aident, au cours de la saison d’été uniquement. Il est alors 20h00 et décidons de poursuivre pour arriver au plus tôt. En buvant notre soupe du soir, on nous annonce cependant encore 7 heures de course pour rejoindre Chamonix. Je pensais que l’on arriverait pour minuit. Il faut à nouveau s’armer de courage, mais l’objectif n’est plus loin, je suis regonflé à bloc pour terminer.

Cependant, ce dernier passage vaut d’être décrit car deux difficultés d’importance nous attendent. Tout d’abord, nous longeons une face rocheuse, sculptée en escalier. Des chaînes sont toutefois nécessaires pour éviter de glisser dans le vide à notre droite, puis nous continuons sur une même courbe de niveau, en enjambant des rochers assurés aussi par des chaines. La nuit tombe et nous distinguons enfin le Refuge de la Balme au Col du même nom au bout d’1heure30 et 4km parcourus sans avoir chômé !


Dimanche 29 Aout 0h00 – Depuis Cham’, 221km parcourus - 17.000 mètres D+ et 11h20 de sommeil


Nous entamons la redescente dans la vallée de Chamonix. Ca sent la fin ! A Tré-le-Champs, nous décidons de dormir un peu sur les bancs extérieurs du Refuge de la Boherne. Malgré nos couvertures de survie et la couverture prêtée par quelques hôtes, nous nous réveillons au bout d’une heure grelottant de froid. On a bien fait de dormir une heure à Champex, car depuis samedi 2h du matin, nous n’avons dormi que 2 heures en tout…Il est temps d’en finir, vite fait, pensons-nous.

La dernière montée de 700 mètres vers la Flégère n’est pas une mince rigolade. Voila que nous devons emprunter de hautes échelles métalliques pour assurer notre passage sur des barres rocheuses. Elles me rappellent évidemment la Pointe de Drône. Très concentré pour éviter une mauvaise blague de fin de course, nous gravissons ces derniers centaines de mètres au plus vite. Ca y est, nous sommes à la Flégère et nous retrouvons le tracé de l’UTMB – CCC emprunté par de nombreux coureurs partis la veille.

Les 800 derniers mètres de descente sont assez étranges. Nous faisons tout pour arriver au petit jour, d’autant que Pierre a les pieds en compote et que la descente est assez interminable. Les coureurs de l’UTMB, remanié en CCC, nous dépassent en se demandant pourquoi des compétiteurs marchent alors que le chrono tourne. Notre échelle de temps n’est juste pas la même.

Aux abords de Chamonix, nous retrouvons Fabi, Alexia et Edouard qui sont eux en pleine forme. Nous avons un peu la tête ailleurs, content de finir plus que d’en finir. La montagne était magnifique, on n’a jamais trop envie de la quitter.

Enfin, nous franchissons l'arche que nous avions laissé 104h59mn plus tôt, non sans une certaine émotion ... en pensant surtout à nos femmes et nos enfants qui nous supportent et nous soutiennent.

Dimanche 29 Aout 6h59 – Depuis Cham’, 247km parcourus - 17.860 mètres D+ et 12h20 de sommeil pour moi !

jeudi 1 juillet 2010

IronMan Nice 2010

Et de 2 !
Ce 27 juin, il a fait encore bien chaud sur la promenade des Anglais pour l'IronMan de Nice.
Tout a démarré dès 6h30 avec 2500 autres athlètes en combinaison, qui se sont jetés dans la Méditérannée pour un parcours de 3,8km. A force de tourner autour des bouées, j'ai du en parcourir un peu plus. Au bout d'1h18mn, je sors enfin de l'eau, avec un temps identique à 2008. Je suis un peu déçu au passage de la douche pour ôter le sel et éviter les brûlures. Je fonce sur mon vélo pour cette fois 180km de vélo dans l'arrière pays niçois. Comme d'habitude, les paysages sont magnifiques et font oubliés les 110km de montées jusqu'au Col de l'Ecre et le Plateau de Caussols. Ensuite, nous redescendons le plus vite possible vers Vence, puis la promenade des Anglais, où nous retrouvons les premiers qui entament déjà largement leur parcours marathon. Je descends donc de mon vélo au bout de 6h30, idem à 2008, encore une fois. Et je pars pour les 42,2km sur le bitume le long de la plage. Au bout de 4h40, je passe enfin la ligne d'arrivée, avec mes 2 enfants. 12h30 de course au total.
Un bilan moyen, même si pendant 10 jours qui ont précédé, j'ai trainé un mal inconnu qui m'a cloué au lit ou empêché de m'entrainer. Par ailleurs, ma saison n'est pas terminée puisque l'autre objectif reste la Petite Trotte à Léon, autour du Mont-blanc, fin Aout 2010.

lundi 14 juin 2010

Annulation des Foulées 2010

Chers tous,

Tout d'abord merci pour votre mobilisation jusqu'à la dernière minute.
Malheureusement, nous avons du rester raisonnable et nous plier aux contraintes du moment.
L'alerte Meteo France "Bulletin Orange" oblige tout parc d'un département à fermer. Cette alerte courait de vendredi soir à samedi , voire dimanche 13H initialement.
Ce fut seulement samedi matin à 8h30 que l'alerte fut levée.

De plus, le sol, déjà très boueux le vendredi matin,  était totalement détrempé toute la matinée du samedi. L'organisation des Foulées n'a souhaité prendre aucun risque, au regard des 130 enfants handicapés, pafois très fragiles.

Tout le monde est évidemment extrêmement déçu et frustré. Les enfants les premiers.

Ce n'est que partie remise. Peut-être à la rentrée 2010 (septembre ou début octobre).
Tout est déjà prêt (stand, t-shirts enfants et coureurs !)

Nous allons cependant réfléchir à "sécuriser" l'organisation. Cela implique cependant des autorisations administratives plus lourdes (commission de sécurité départementale pour des stands avec planché et toit, utilisation de la voirie). Sans doute un budget aussi beaucoup plus lourd. Arbitrage à faire ...

Amitiés à tous et bonnes vacances d'été.
David, Chloé et Handicap Marathon

mercredi 27 janvier 2010

Les Foulées 2010


Rendez-vous désormais pris : le samedi 12 juin 2010, 10h30 à Marnes-la-Coquette, aux abords du parc de Saint-Cloud (Square Pasteur), un véritable événement se prépare !


De plus, nous organisons la seule course réservée aux Joelettes.

Depuis 2006, prés de 150 adultes bénévoles et professionnels sont venus aider pour que cette course voit le jour. Mais également : les Pompiers de Sèvres, de Saint-Cloud, la Police judiciaire de Versailles, la Croix-rouge, les magasins Endurance shop avec le champion de France Philippe Rémond, amis et parents de l'association ont couru avec les enfants pour ces dernières foulées destinées à tous. En les remerciant, nous vous invitons à nous rejoindre !

Nos ultra-courses

Ultra Trail du Mont-Blanc
158km 86000 mètres de dénivelé




Départ 19h, fin août à Chamonix. 47 heures plus tard, nous sommes de retour sur la place du village. Les 2 nuits, la pluie, les montées raides, les descentes cassantes, les vomissements, le masque à oxygène. Nous avons vécu un moment aussi fort que le Marathon des sables. Un moment inoubliable!
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Endurance Trail
Les templiers, octobre 2005, 69km




Entre 10h30 et 12h15 de vagabondages dans les pics des Cevennes à Nant, voila ce qui nous attendait le 24 octobre 2005.



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Le Glacier de Bellecote


3000 mètres à gravir pour rejoindre d'une traite le Glacier de Bellecote, au-dessus de la plagne.

Au moment du départ, quelques doutes sur nos capacités de finishers. A l'arrivée et 6 heures plus tard, on imagine de nouvelles possibilités...
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Sainté Lyon, 69 km
4 décembre 2004


Course mythique entre Saint-Etienne à Lyon pour une première dans l'ultra, avec un départ de nuit. Nous avons beaucoup appris cette nuit là ! Conviction renforcée quand nous apprenons que la course soutient le Téléthon.


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Semi-Marathon de Boulogne-Billancourt



Avec le soutien de Philippot et de ses équipes, nous avons pu participer au semi-marathon de Boulogne. 21km de bonheur pour les 5 enfants et les 26 coureurs aussi !

Les encouragements des parents, des autres coureurs et des spectateurs procurent à tous une immense joie !